Sommaire
GRAND ANGLE
L’hôtel de ville de Pantin
ACTUALITÉ
Vie des entreprises, prévention, conjoncture
ÉTANCHÉITÉ
Firestone/Elevate : une nouvelle identité pour une nouvelle stratégie
DOSSIER : DES ROOFTOPS TOUJOURS PLUS HAUTS
Une coiffe métallique pour un Hekla de verre
Questions aux Ateliers Jean Nouvel, architectes de la tour Hekla
« Une toiture sur une toiture » à Montparnasse Couronne sur dent creuse
TÉMOIGNAGE
François Auger, MOF en charpente et architecte du patrimoine
CONCOURS
Une nouvelle cuvée pour les Trophées Aléonard
PRODUITS
Edito
Loto : à qui le tour ?
Une nouvelle édition du Loto du patrimoine à peine achevée, cinq autres sont déjà prévues ! L’annonce a été faite en amont des Journées européennes du patrimoine par Emmanuel Macron lors d’un déplacement à Guéret, dans la Creuse, à la mi-septembre. Cinq années en plus des cinq premières, soit une décennie qui devrait « rendre la chose irréversible » selon les espoirs assumés du président de la République, accompagné comme il se doit de la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak qui vivait là sa première édition à ce poste, et des inamovibles Brigitte Macron et Stéphane Bern – à l’origine de la Mission patrimoine initiée en 2018. En cinq ans, le Loto du patrimoine a contribué à la sauvegarde de pas moins de 745 sites historiques, à raison d’une vingtaine de millions d’euros glanés chaque année.
Si cet élan est tout à fait louable, il demande néanmoins à être nuancé. Car le fait que, lors de chaque édition, 18 sites emblématiques soient désignés arbitrairement pour représenter leur région (et soient par ailleurs représentés sur les jeux à gratter au tarif unitaire de 15 euros), bénéficiant à eux seuls de la majeure partie des bénéfices tirés de l’opération, ne laisse que quelques miettes à la centaine d’autres présélectionnés, et rien aux milliers considérés comme en péril. Et que sont une centaine de millions d’euros étalés sur cinq ans quand l’estimation des rénovations d’urgence dépasse allégrement le milliard ? Pour l’ancien député insoumis Michel Larive, très engagé envers le patrimoine, co-raporteur d’une mission d’information sur le loto en 2019 et relayé par nos confrères de l’Humanité, « il y a bien une forme de désengagement de la part du gouvernement, qui s’est caché derrière cette mission Bern pour balayer la question ».
Un loto en forme de cache-misère ? D’un certain point de vue (politique), sûrement… mais il faut reconnaître à sa décharge que le gouvernement ne délaisse pas le patrimoine pour autant, et que le budget alloué à ce poste est en constante augmentation depuis plusieurs années. Le budget culture du projet de loi de finances (PLF) 2023 prévoit environ 1,11 milliard d’euros en autorisations d’engagement, et 1,10 milliard en crédits de paiement, soit une hausse historique de 7,5 %. Sur ces sommes, 466 millions d’euros de crédits de paiement seront dédiés aux monuments historiques et au patrimoine monumental. Par comparaison, c’était 338 millions en 2020.
Un effort non négligeable donc, qui semblerait même faire des émules. Face au succès rencontré par le Loto du patrimoine, certains députés de la majorité ont proposé d’intégrer au PLF 2023 la création d’un loto… de la biodiversité ! Suite au déclenchement du 49.3, les députés n’ont pas pu en débattre en séance à l’Assemblée nationale, et c’est donc au Sénatque cette proposition pour le moins originale a été unanimement retoquée, qualifiée à la fois de « ridicule » et d’« irresponsable »… Et maintenant, alors que la plateforme MaPrimeRénov est très largement décriée… à quand le Loto des passoires thermiques ?
Brice-Alexandre ROBOAM